Même dans le cadre de notre travail à l’échelle locale, qui vise à encourager un changement systémique par le biais de nos Coalitions nationales pour l’accès à la terre, nous utilisons l’étendue et l’expertise de notre coalition pour susciter une volonté politique en faveur de la gouvernance foncière centrée sur les personnes. Les objectifs de développement durable en sont un parfait exemple, par lequel les chefs et cheffes d’État se sont engagés en faveur d’un avenir plus durable à l’horizon 2030, y compris par le biais de cibles et indicateurs fonciers. Dans cette veine, nous avons continué à assurer la coordination du SDG Land Momentum Group, qui assure l’avancée stratégique des efforts visant à améliorer les déclarations relatives aux cibles foncières (indicateurs 1.4.2, 5.a.1-2, 15,3 et 16,10). Nous avons renforcé notre leadership au sein des forums internationaux, où les déclarations relatives aux cibles foncières ont suscité un intérêt significatif de la part des autorités gouvernementales et de la société civile.
à l’échelle mondiale
à l’échelle régionale
nationaux
représentants et représentantes d’organisations populaires et des peuples dans les espaces internationaux
femmes issues des membres de l’ILC dans les espaces internationaux
jeunes issus des membres de l’ILC dans les espaces internationaux
les utilisateurs des terres dans 81 pays
"Les droits fonciers sont un moyen critique pour contrer la crise climatique. La lutte contre cette crise est une motivation centrale de notre travail pour une gouvernance des terres centrée sur les personnes. Nous sommes conscients de l’ampleur de notre tâche, et nous nous engageons à changer de toute urgence les systèmes qui font des ravages sur notre planète et ses habitants."
Déclaration de la Mer Morte 2022
Il est essentiel de prendre d’urgence des mesures pour combattre la crise climatique et atteindre les objectifs de développement durable, celles-ci étant essentielles pour nous permettre de continuer à vivre sur cette planète. Sans l’ombre d’un doute, la crise climatique est la menace la plus grave à laquelle la Terre a été confrontée au cours des trois dernières années. La Déclaration de la Mer Morte, adoptée par les membres de l’ILC à l’occasion du Forum foncier mondial 2022, a historiquement positionné les droits fonciers comme une voie de sortie de la crise, en les portant à l’attention des décideurs climatiques.
Les Conventions de Rio des Nations Unies, respectivement la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Convention sur la lutte contre la désertification (CLD), de même que les cadres environnementaux et les conférences des parties correspondantes, ont fourni à notre réseau des occasions cruciales d’agir à cette fin. De plus, notre tout nouveau programme People, Climate and Nature appuie la reconnaissance des membres en tant qu’alliés essentiels du combat contre les crises climatique et de la biodiversité, tout en veillant à ce que les politiques climatiques ne violent pas leurs droits à la terre et au territoire. Ce programme est axé sur trois piliers thématiques: la protection de la biodiversité et la dégradation des terres, les solutions climatiques, et les systèmes alimentaires durables.
En collaboration avec les femmes, les jeunes, les agriculteurs familiaux, les petits exploitants, les peuples autochtones et les populations pastorales membres de l’ILC, nous avons développé des messages climatiques soutenus par l’ensemble de notre réseau.
Nous avons par exemple organisé de vastes consultations auprès de 200 membres et spécialistes des droits fonciers avant la COP27 de l’UNFCCC en 2022 en Égypte, à l’occasion de laquelle nous avons soutenu 20 membres, coorganisé 12 événements parallèles et appuyé les revendications des femmes autochtones de notre réseau dans le cadre de la campagne « She Should Make the News » de Land Rights Now!. Pour en savoir plus sur la campagne, consulter la section « Les femmes luttent pour la justice climatique et contre le patriarcat ». De plus, neuf champion·nes des droits fonciers ont amplifié l’appel en faveur des droits fonciers dans la justice climatique, dont Fridah Githuku, Co-présidente du Conseil de l’ILC de l’époque et Directrice exécutive de Groots Kenya, qui a proféré avec véhémence notre message tout au long de la conférence:
« La terre et la nature sont les sources de subsistance les plus importantes pour l’humanité », a-t-elle expliqué. « Les menaces qui pèsent sur les terres suscitent des changements de comportement humain négatifs, qui accélèrent la crise climatique. La garantie des droits fonciers des peuples est l’une des solutions pour sortir de la crise climatique. »
C’était également la première fois que nous lancions une campagne médiatique numérique comportant des messages sur le climat, qui s’est avérée être un succès. Nous avons reçu 20 000 engagements et assisté à une croissance nette globale de l’audience de 25,4%, atteignant ainsi de nouveaux publics et améliorant la visibilité de l’ILC.
L’année suivante, lors de la COP28 de l’UNFCCC aux Émirats arabes unis, nous avons intensifié nos efforts. En coorganisant 19 événements parallèles et en soutenant 39 membres, nous avons continué à faire preuve d’unité, insistant sur l’importance des droits fonciers pour les petits exploitants, les agriculteurs familiaux et les populations pastorales. Nous avons en outre souligné leur rôle central dans la transformation des systèmes alimentaires pour la résilience climatique face à l’agriculture industrielle, un secteur responsable de l’aggravation des inégalités foncières.
Le Directeur exécutif de la Palestinian Farmers’ union, Abbas Melhem, qui s’est rendu à la COP28 malgré la guerre menée par Israël contre Gaza et les violences accrues contre les agriculteurs palestiniens en Cisjordanie, a expliqué nos revendications:
« Je veux voir des droits fonciers et un accès garanti aux terres », a affirmé Abbas Melhem. « Il est impossible sur cette planète de pratiquer l’agriculture sans les petits exploitants. Pour redonner une âme à nos vies, nous devons ramener les agriculteurs sur leurs terres. C’est ce qui nous sauvera. »
Autre confirmation retentissante de l’intérêt porté à ces questions, notre campagne sur les médias sociaux à l’occasion de la COP28 a donné lieu à une hausse de 119% des engagements sur nos différentes chaînes, par rapport à la même période les années précédentes.
En 2024, nous avons porté notre attention sur la 16e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) (COP16), en Colombie, où nous avons célébré la reconnaissance des droits fonciers avec l’approbation de l’Indicateur des connaissances traditionnelles sur les régimes fonciers et l’utilisation des terres (HI 22,1), basé sur une méthodologie codéveloppée par l’ILC. Cet indicateur sera un outil puissant pour les efforts de plaidoyer de notre réseau. Vous pouvez en apprendre davantage sur ces questions dans la section consacrée aux données.
Il s’agissait de l’une des premières participations de l’ILC à cet espace, où nous avons soutenu plus de 30 membres et codirigé 16 événements parallèles et de nombreuses autres activités organisées par nos membres, dont une conférence de presse visant à promouvoir les droits fonciers des femmes en collaboration avec le Caucus des femmes de la CDB. Le stand de l’ILC est devenu un point de rencontre important pour les membres et une source d’informations sur les droits fonciers pour les passants, y compris pour de nombreuses personnes qui participaient pour la première fois à la Conférence des Parties de la CDB et qui ont utilisé ces informations pour aligner leurs stratégies d’engagement à l’avenir.
La Coalition des peuples autochtones et de la biodiversité des Philippines est entrée dans l’histoire avec sa stratégie et son plan d’action en faveur de la biodiversité, que le gouvernement philippin a promis d’intégrer dans son propre plan.
« Notre conseil est d’organiser des processus parallèles dirigés par les autochtones, au lieu d’essayer de s’introduire dans les espaces très limités ouverts par nos gouvernements. »
Jill Carino, de la Coalition des peuples autochtones et de la biodiversité.
« [L’extraction de lithium] pollue notre mode de vie, et c’est cette lutte-là qui est menée aujourd’hui, à Jujuy. Celle pour notre mode de vie », explique un défenseur des droits fonciers de Jujuy dans une vidéo de campagne.
Les peuples autochtones de Jujuy, en Argentine, se sont joints à la Coalition des peuples autochtones et de la biodiversité des Philippines à l’occasion de la COP16 cette année. Ils se sont rendus à Cali pour poursuivre une manifestation, entamée il y a deux ans, contre l’exploitation de lithium, un minerai essentiel pour la transition énergétique, sur leurs territoires.
Leur campagne a démarré en 2023, lorsque Plurales, membre de l’ILC, a commencé à fournir un appui technique et financier aux manifestations des organisations locales de Jujuy contre l’extraction de lithium autorisée par l’État sans leur consentement préalable, libre et éclairé. Pour sensibiliser le public, ils ont produit un documentaire intitulé « Litio: Qué hay detrás de la reforma » [« Lithium: les dessous de la réforme »], diffusé dans divers espaces de plaidoyer dans le monde, y compris la COP28 de l’UNFCCC à Dubaï.
À la COP16 de la CDB, avec l’appui de Land Rights Now! et de la Plataforma de Defensores y Defensoras de la Tierra y el Territorio [Plateforme des défenseurs et défenseuses de la terre et du territoire], les communautés de Jujuy ont continué à exiger la fin des politiques extractivistes qui violent leurs droits dans le cadre d’une campagne de suivi intitulée:
Dans notre réseau, les femmes qui transforment leur réalité à l’échelle locale se sont réunies dans des espaces de plaidoyer mondiaux pour donner un élan aux mouvements mondiaux pour un changement paritaire. Tout comme ceux des peuples autochtones, des populations pastorales et des jeunes, leurs travaux au cours du dernier triennat étaient axés sur le climat. À plusieurs reprises, elles ont participé à des forums internationaux pour plaider en faveur de leurs droits fonciers et faire connaître leur rôle de protectrices des écosystèmes.
« Nous autres, femmes campesinas, avons un potentiel considérable que nous n’avons pas encore totalement découvert ou exploité. C’est une question de leadership . Nous avons été amenées à croire que nous savions prendre soin des autres, que cela nous venait naturellement. Mais nous pouvons aussi prendre la tête de processus très intéressants qui nous tirent de la pénombre, de l’arriération et de l’isolement. »
Dora Corvalán
À l’occasion de la COP27 et de la COP28 de l’UNFCCC, les femmes autochtones ont raconté leurs récits dans le cadre d’une campagne mondiale de Land Rights Now! intitulée « She Should Make the News ». Cindy Kobei, de la communauté des Ogieks, dans la forêt de Mau au Kenya, est venue à la COP27 pour mobiliser les jeunes autochtones dans la lutte contre la crise climatique et « faire naître une génération de défenseurs et défenseuses autochtones des droits humains ».
Chandra Tripura, du peuple autochtone des Tripuras, des Chittagong Hill Tracts, au Bangladesh, a fait passer un message similaire à la COP28:
« Le savoir des peuples autochtones nous donne toujours la force de conserver notre unicité, et la richesse de notre culture nous enseigne cette notion de propriété collective ou de coresponsabilité au sein des communautés », a-t-elle déclaré. « Nos vies commencent et se terminent avec la terre. »
À l’aide de maquettes de couvertures de magazine, de billets de blog et de publications sur les médias sociaux, les campagnes ont exigé une reconnaissance accrue du rôle joué par les femmes autochtones dans les solutions à la crise climatique. Ensemble, ces publications ont suscité un grand intérêt au niveau international, avec plus de 31 000 impressions.
« Quand il y aura une justice foncière, il y aura une justice climatique . On ne peut pas parler de l’une sans l’autre. »
Cindy Kobei, Ogiek, Mau Forest
Les jeunes devront vivre avec les conséquences des décisions que nous prenons aujourd’hui en matière d’utilisation de la terre et sont pourtant souvent exclus des processus décisionnels. L’ILC crée des espaces pour leur permettre de mener des actions communes pour changer la situation.
À l’occasion du tout premier Forum foncier des juenes en Jordanie. , 100 jeunes de 35 pays se sont réunis dans l’optique de prendre des mesures pour s’assurer d’avoir les compétences et les connaissances nécessaires pour mener à bien la transition vers la gouvernance foncière centrée sur les personnes, mais aussi vers un avenir équitable sur le plan du climat.
À travers la campagne #GLFYAmbassadors sur les médias sociaux, ils ont atteint plus de 855 000 personnes, créant ainsi une dynamique qui a abouti à l’adoption de la Declaration des Jeunes présentée à l’occasion du Forum foncier mondial et intégrée dans la Declaration de la Mer Morte.
Cette déclaration braque les projecteurs sur le pouvoir collectif des jeunes de façonner un avenir durable et engage l’ILC à jouer un rôle de chef de file dans la lutte contre la crise climatique à l’échelle régionale et mondiale. Archana Soreng, jeune activiste climatique indienne et défenseuse des droits fonciers des jeunes, a souligné l’importance de cette occasion:
« Je suis très heureuse de rencontrer des jeunes et des communautés locales et peuples autochtones du monde entier qui plaident pour les droits fonciers. Ils sont pour moi une source d’inspiration et de force. Le respect et la solidarité font toute la différence. Nous sommes solidaires dans l’action climatique et unis pour les droits fonciers. »
Les éleveurs massaïs vivent durablement sur leurs terres depuis des générations, faisant appel à des pratiques de gestion des terres mobiles et adaptables, qui protègent et améliorent la biodiversité des écosystèmes et la résilience face aux changements climatiques. Malgré cela, en juin 2022, le gouvernement tanzanien a pris un arrêté d’expulsion pour éloigner de force 150 000 autochtones massaïs des aires de conservation Loliondo et Ngorongoro, dans la lignée de dizaines d’années de politiques donnant la priorité au tourisme naturel des élites et à la « conservation forteresse » plutôt qu’à leurs droits.
Ces dernières années, le gouvernement a également commencé à interrompre les services essentiels aux territoires massaïs pour tenter en parallèle de forcer les populations pastorales à quitter leurs terres.
De nombreux leaders massaïs protestant contre ces expulsions ont subi des représailles, y compris des peines de prison, et en 2022 la répression du gouvernement a suscité une campagne médiatique mondiale pour faire pression sur l’État pour qu’il mette fin aux déplacements masaïs.
L’ILC a aidé ses membres à porter ces luttes à l’attention du public. Le Coordonnateur de l’ILC Afrique de l’époque, Audace Kubwimana, a fait connaître ces abus sur BBC World Service, le porte-parole du Forum PINGOs, membre de l’ILC, l’a fait sur BBC Africa et Al Jazeera a braqué les projecteurs sur cette histoire grâce à une couverture virale.
En mai 2023, l’ILC a organisé différentes réunions de représentants des Massaïs de notre réseau en Allemagne, en Italie et au siège de l’UE, incitant les institutions européennes à cesser tout financement rendant possibles ces violations des droits humains. Partiellement en réponse à ces efforts, l’Union européenne a retiré la Tanzanie de sa liste de financement des actions de conservation en 2024, citant les graves violations des droits humains perpétrés par l’État à l’encontre des Massaïs. Nous avons parlé à un défenseur local des droits fonciers après cette victoire, qui a préféré rester anonyme, par peur de représailles de la part du gouvernement.
"Nous pouvons voir maintenant qu'au moins une certaine forme de discussion a lieu. Nous essayons de trouver des ouvertures de dialogue avec le gouvernement et les institutions européennes", ont-ils affirmé, "mais nous nous trouvons maintenant dans une situation de confrontation avec le gouvernement. Il n'est pas satisfait de ce qui s'est passé".
Toutes les femmes que nous vous avons présentées dans ce rapport pourraient vous dire que leur lutte pour les droits fonciers est d’autant plus difficile à cause de leur genre. Outre les « suspects habituels », comme la persécution, les menaces d’accaparement des terres et l’offensive de l’agriculture de grande échelle et des industries extractives, les femmes doivent aussi faire face à des normes sociales et juridiques patriarcales qui entravent leur accès aux terres et à la propriété.
En faisant connaître l’histoire des femmes propriétaires dans le monde grâce au plaidoyer, au renforcement des capacités et à une approche narrative, la campagne Stand for Her Land est une plateforme internationale qui permet aux membres de rompre avec les politiques et les pratiques discriminatoires à l’égard des femmes. Ces trois dernières années, les membres de l’ILC en Colombie, au Sénégal, en Ouganda et au Bangladesh se sont mobilisés dans le cadre de la campagne, chacun avec ses propres objectifs de plaidoyer spécifiques à leur pays, et ont collaboré pour créer un monde où les femmes peuvent prospérer, contribuer à la gestion de leurs terres et jouer un rôle moteur dans ce domaine. Au Bangladesh, par exemple, moins de 13% des femmes rurales propriétaires détiennent des droits documentés, et seules 4-5% ont le contrôle de leurs terres. Les membres de la campagne dans ce pays ont privilégié le renforcement de leur pouvoir dans les espaces de plaidoyer nationaux pour exiger une meilleure application des lois foncières et successorales dans le pays.
En Palestine, les agriculteurs de notre réseau continuent de vivre dans des conditions très dures depuis le début de la riposte par l’armée et les colons israéliens aux attaques du Hamas du 7 octobre 2023. Cette violence empêche les agriculteurs de cultiver leurs terres en raison de déplacements forcés, d’attaques et d’exécutions. Au 7 octobre 2024, la Palestinian Farmers’ Union, membre de l’ILC, qui s’attache à documenter les abus perpétrés contre les agriculteurs en Cisjordanie, a signalé un nombre choquant de 7 861 attaques contre les agriculteurs dans la région depuis le début de la guerre d’Israël contre Gaza.
Cette situation s’accompagne d’un lourd tribut à payer, non seulement en termes de vies, mais aussi de moyens d’existence futurs pour les agriculteurs palestiniens. L’industrie de l’huile d’olive, essentielle pour la Cisjordanie, représente 15% de son PIB agricole, et soutient 100 000 familles. Les pertes pourraient atteindre 50 millions d’USD pour la seule saison 2024.
Nos membres en Palestine (Arab Centre of Agriculture Development [ACAD], Agriculture Development Association [PARC], Palestinian Farmers’ Union [PFU] et SHARAKA) refusent de baisser les bras, et continuent de se mobiliser par le biais de blocages et la fourniture d’une aide d’urgence essentielle prenant la forme d’aliments et d’autres biens de base aux personnes affectées en Cisjordanie. Ils l’ont fait à leurs dépens et à ceux de leurs familles. Bon nombre d’entre eux ont été menacés, emprisonnés, et pleurent la perte d’un être cher.
Rahaf Rifai, jeune militante pour les droits fonciers qui travaille avec l’ACAD, nous a appris que le fait d’anticiper la reconstruction (défense des connaissances agricoles autochtones et du bien-être psychologique des agriculteurs) les aide à tenir le coup dans une période autrement désespérée.
« S’il y a bien une chose qui me donne de l’espoir, c’est bien mon peuple, parce que je sais à quel point nous sommes résilients », nous a-t-elle confié. « Notre volonté de vivre l’emportera. Je sais que cette guerre est très dure, mais elle ne viendra pas à bout de notre peuple. Nous en sortirons plus forts, plus résilients, et encore plus déterminés à changer notre réalité. »
Rahaf Rifa
En tant que réseau, nous nous sommes mobilisés collectivement en solidarité avec nos membres de Cisjordanie en publiant des déclarations en novembre 2023 et septembre 2024. Nous restons profondément bouleversés par la guerre incessante d’Israël contre la Palestine, et plaidons pour une solidarité internationale pour protéger des vies innocentes, un cessez-le-feu immédiat et une aide humanitaire non discriminatoire.
En soutien à une Palestine libre, nous avons fait entendre la voix de nos membres par le biais, par exemple, de notre série « In Conversation With » et de notre centre de ressources Understanding Palestine. Nous sommes fiers que notre campagne en faveur de la Palestine ait attiré l’attention du média international Al Jazeera et suscité 14 000 impressions sur les réseaux sociaux.
Selon Thaer Fakhoury, qui travaille avec notre partenaire le Arab Centre for Agricultural Development,
« personne ne peut supporter ce qui se passe ici [mais] nous ne partirons pas ».
Jusqu’ici, 19 Coalitions nationales pour l’accès à la terre ont mené des activités liées à la Décennie, et sept pays ont adopté des politiques relatives à l’agriculture familiale, y compris le Kirghizistan, où un plan d’action nationale a été formulé en consultation avec les agriculteurs locaux.
La Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale 2019-2028 est le fruit d’un long processus de plaidoyer qui a démarré avec la campagne relative à l’Année internationale de l’agriculture familiale 2008, coordonnée par le Forum rural mondial, membre de l’ILC, et menée par des organisations consacrées à l’agriculture familiale.
Dès 2018, des initiatives régionales avaient été lancées, tissant des liens forts entre les efforts mondiaux et régionaux en faveur d’une stratégie commune. Ce travail préparatoire a conduit à la déclaration faite par l’ONU en 2017 concernant la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, approuvée par l’ILC et d’autres parties prenantes comme le FIDA et la FAO, visant à inspirer un engagement politique mondial en faveur des agriculteurs familiaux.
Nous avons poursuivi notre plaidoyer au cours du dernier triennat. En mars 2024, l’ILC a organisé une session charnière à l’occasion de la Conférence mondiale sur l’agriculture familiale, consacrée aux régimes fonciers sûrs, en particulier pour les femmes et les jeunes ruraux, comme pierre angulaire pour les objectifs de la Décennie, les ODD, et des systèmes alimentaires durables.
En 2022, nous avons organisé le Forum foncier mondial dans un pays du Moyen-Orient pour la première fois. Cet événement était hébergé par le Ministère jordanien de l’agriculture et SEEDS, en partenariat avec l’UE et sous le patronage du Roi Abdullah II.
Il a permis à notre réseau de renouer le contact, d’élaborer des stratégies et de collaborer après deux années de restrictions liées à la pandémie.
Le Forum a débouché sur la Déclaration de la Mer Morte, qui a insisté sur l’urgence de lutter contre la crise climatique, de faire avancer le leadership des jeunes et de défendre les droits fonciers des femmes et la justice de genre. Les membres ont aussi choisi d’utiliser la déclaration pour exprimer leur solidarité avec les membres et communautés des Territoires palestiniens occupés, plaidant pour la justice, la paix, la dignité et la protection contre les dépossessions, annexions et préjudices écologiques découlant de l’occupation.
En 2023, 25 organisations autochtones et de la société civile se sont associées à Land Rights Now! pour lancer la campagne « Sécuriser les territoires autochtones pour protéger la vie » en Argentine, en Bolivie, au Chili, en Équateur et au Pérou, dans le but de lutter contre les violations et de défendre les personnes militant pour la terre et l’environnement.
Trois porte-paroles, Neydi Juracán, une leader maya kaqchiquel, Diocelinda Iza, leader autochtone kichwa du peuple Panzaleo, et Oseas Barbarán, leader des Shipibo Konibo et Président de la Confédération des nationalités amazoniennes du Pérou, ont donné de l’écho aux revendications, et obtenu des résultats impressionnants.
Leur campagne a non seulement atteint plus de 363 000 personnes grâce à 27 000 interactions sur les médias sociaux, mais elle a aussi généré 17 articles dans les médias régionaux et nationaux.
« Lorsque l’on ne dispose pas de droits sûrs sur la terre et le territoire, d’autres droits fondamentaux sont également violés, comme le droit à un hébergement, à l’eau, à la santé, à l’éducation, à l’alimentation et à la liberté de circulation »,
Neydi Juracán, porte-parole de la campagne.